Le goût de Venise à Dijon

Giambattista Tiepolo, La cuisine des polichinelles, vers 1765-1770, Leeds Castle Fondation.

« Pain de Padoue, vin de Vicence, tripes de Trévise et femme de Venise. »

Giacomo Casanova (1725-1798), Histoire de ma vie, 1789-1798.

Voilà trois mois que le musée national Magnin de Dijon a eu l’excellente idée de me contacter suite à mon article  « Un amour de Brésil » paru sur ce blog afin de réaliser sur place une conférence sur la Gastronomie vénitienne au XVIIIe siècle dans le cadre de son exposition temporaire Un été vénitien. Pas un mince sujet en fait, mais comportant de très bonnes surprises et beaucoup de travail, ce qui explique le silence sur ce blog depuis la rentrée… Je m’en excuse ici auprès de mes fidèles lecteurs. Le cœur au ventre continue son affaire, en s’orientant aussi enfin vers les conférences culturelles, une de nos multiples activités de consultant gastronomique que nous souhaiterions développer à l’avenir.

Giovanni Antonio Pellegrini, Quatre Orientaux fumant et buvant du chocolat à une table, s.d., coll. part.

De longues heures de lectures passionnées de Casanova et Goldoni entre autres m’ont permis de tomber amoureux pour la quatrième fois de Venise, ville utopique au long destin pour le moins quasi millénaire. Pour ce qui est des goûts et des couleurs, le parcours de cette ville unique au monde est sans commune mesure. Son succès commercial venu de l’Orient et de l’empire byzantin s’arrête presque subitement à la découverte de Vasco de Gama de l’autre tour par l’Afrique et le cap de Bonne Espérance. La Méditerranée et l’Adriatique perdent de leur cachet et les produits alimentaires du nouveau monde après Christophe Colomb deviennent la norme des élites en Europe. La France creuse son écart du point de vue culinaire et devient le modèle à suivre. De maître incontesté du sucre, Venise devient précurseur en revanche pour le café ou le maïs, sans rien oublier de son passé du Moyen-Âge révolu. Contrairement à ce qui a été beaucoup écrit, Venise au XVIIIe siècle ne perd rien de sa superbe. L’économie est florissante et le mythe noir de la décadence de la Sérénissime ne sera qu’un acte de la propagande napoléonienne de plus à la chute de la République en 1797, largement exploité par la suite. Venise est bien une fête, mais une fête qui s’apprivoise du côté de l’assiette et de ses mœurs, du carnaval bien sûr, mais aussi de ses maison de plaisance en Terre ferme. Utopie de la lagune et de Vénitiens repliés sur eux-mêmes mais partant à l’autre bout du monde. Incroyable richesse culinaire et gastronomique au beau milieu de l’Europe de l’ouest et de l’est. Voilà donc l’occasion vendredi prochain d’y voir plus clair sur le sujet, au moins vaste comme l’Adriatique… ou l’Atlantique ? Avis au Dijonnais et Bourguignons et aux Parisiens de passage.

Je remercie ici tout particulièrement mon amie Aude Gobet du service d’études et de documentation du département des peintures du Musée du Louvre qui m’a ouvert d’autres horizons gastronomiques.

Pietro Longhi, Déjeuner à la villa, vers 1760, Casa Goldoni (Venise).

Exposition au musée Magnin de Dijon : Un été vénitien

Du 24 juillet au 11 novembre 2018


Conférence gourmande

Le goût de Venise

Vendredi 21 septembre, à 18h30
par Olivier Brandily, journaliste, consultant gastronomique, historien et conférencier
national.

La conférence sera suivie d’une dégustation réalisée par le chef Pierre Pierret dont les recettes ont été concoctées par le chef et votre serviteur. Nous proposerons une interprétation gustative de l’exposition à travers un buffet créatif pour découvrir les saveurs de la Sérénissime.

 


Musée Magnin
4, rue des Bons Enfants
21000 Dijon
Tél : 03 80 67 11 10

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