Boris Vian aurait pu dire qu’il s’agissait d’une « mise en boîte de chefs » en référence à sa très réussie cantate des boîtes ! Oui et non. Juste un happening culinaire dans ce qui se fait de mieux dans le genre… Imaginez un container très propret sorti du ventre d’un cargo en provenance de l’Asie du Sud-Est, plus précisément de Singapour, la « petite Suisse d’Asie ». Imaginez ce container perdu et comme échoué pour trois jours au milieu de nulle part à l’hippodrome d’Auteuil, en face de la tribune présidentielle…
Enfermez-y deux grands et beaux gaillards, qui plus est de jeunes chefs de talent(s) avec leurs batteries de cuisine respectives. Fermez bien le tout et remuez à volonté. Invitez pour finir quelques journalistes et blogueurs impénitents à un spectacle cousu main et vous aurez dans votre assiette Singapore Takeout, une très belle opération de la tendance gastronomique internationale du moment.
Sous un soleil de plomb en ce 30 juin, nous avons en effet été convié à participer à ce bel événement. Après Londres et avant Moscou, Paris est la deuxième étape de Singapore Takeout, cette vitrine culinaire qui est un peu à l’image de ces restaurants et hôtels éphémères plantés temporairement sur de grands musées ou monuments nationaux… Signe des temps, présage ou lubie, cette « belle boîte » ira conquérir 9 grandes capitales de ce monde pendant 365 jours, embarquant à son bord 10 chefs singapouriens.
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Singapore Takeout fut en tous cas l’occasion, pour nous, de retrouver avec joie Sven Chartier, et de découvrir André Chiang, un « grand » lui aussi, vu les qualités du garçon. Pendant dix-sept ans, André a côtoyé les plus grandes étoiles de la table gauloise, de Pierre Gagnaire aux frères Pourcel, en passant par l’Atelier de Joël Robuchon, les Troigros et Pascal Barbot… Rien que ça. Il vient de créer à Singapour, à peu près en même temps que Sven, son propre restaurant baptisé tout simplement« André ».
Taiwainais d’origine, André Chiang au grand cœur surprend :
« Ma cuisine n’est pas celle d’hier ou de demain, c’est celle d’aujourd’hui ».
Ses Pommes de terre « Bravas » confite dans l’huile de ciboulette (1) nous affament et réjouissent le palais, son Foie gras en crème brûlée (tiens, tiens…) « Chawanmushi » et coulis de truffe noire (2) est une perfection (qui aurait peut-être mérité de la tiédeur, voire un peu de froid au service). Quant à son Risotto de calamars au riz de jasmin (3), c’est une invention « inventive » comme qui dirait et nous restons beaucoup plus perplexes sur ses chips noires de mirepoix de légumes presque carbonisés ! (voir photo ci-dessous) Bravo cependant pour la texture du calamar qui imite le riz (il n’y a pas tout simplement pas de riz dans cette recette de « risotto » ! Le croiriez-vous ?).
Sven s’est aussi surpassé ce jour : son Crabe, tomate, satay (4) vaut à lui seul le détour. Simple et bon comme toujours (comme le titre d’ailleurs)… avec cette touche très à lui, et qui commence à devenir unique et très en avance sur son époque selon nous.
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