Pour faire exotique et pour faire court, au supermarché en France, il n’y a pas si longtemps, il y a eu l’autruche (élevée sur le territoire), le kangourou. Cela a été semble-t-il un échec commercial, pour ne pas dire un bide, mis à part la période des fêtes où quelques barquettes s’égarent encore sur nos rayons à l’occasion. Le sabre, un poisson des grandes profondeurs, est devenu, signe des temps, un des musts des paniers des ménagères, pénurie des stocks poissonniers planétaires oblige. La perche du Nil, purement ou presque abandonnée (on l’espère).
La mondialisation est là indiscutablement, et depuis longtemps, un peu comme la chasse à la baleine, le plus gros et rentable gibier de tous les temps (voir photo ci-dessus). Les indicateurs nous prédisent l’insecte et les larves du futur. Soit, mais c’est bien petit en comparaison ! Les cours des marchés oscillent au grès des surenchères. Les gastronomes occidentaux des temps modernes cherchent la perle rare, souvent pur produit du marketing de la Grande bleue, alors que leurs aïeux poursuivaient parfois sans grande conviction le saint-Graal, les « brochettes d’antilopes », le « tatou argentin à la sauce salmuera », la « brochette de belettes à la mexicaine », la « queue de castor grillée », le « sorbet au sang de renne », les « filets de manchot impérial » pour ne citer que quelques recettes tirées du livre chroniqué ici Les gastronomes de l’extrême signé Bruno Fuligni (éditions du Trésor). Comme aurait dit Brillat-Savarin autrement « nous sommes ce que nous mangeons ». À 99 % en Occident, nous mangeons ce que l’industrie agroalimentaire nous concocte, mais les chiffres manquent cruellement… Qui sommes-nous donc devenus ? Autant dire que l’exotisme, le vrai, l’unique, n’a que peu de poids et n’est donc devenu qu’une chimère. Bien. Voilà donc un petit livre qui tombe à pic et qui revisite le sujet. À l’époque des nourritures… « impossibles » !
Bruno Fuligni, Les gastronomes de l’extrême, éditions du Trésor, 157 pages.
Prix : 17 €