Lancé le 21 juin dernier, Soif d’ailleurs a incontestablement un fort pouvoir d’attraction. Installé dans un ancien entrepôt de perles, dans ce quartier en pleine mutation du Marais et à deux pas du tout nouveau bar-restaurant à desserts Dessance, le lieu dessiné par l’architecte Andres Atela et le designer Jean Desproges intrigue tout d’abord. Un peu pour paraphraser Pline l’Ancien, on pourrait clamer, vêtu de la toge virile romaine dans cette cave extraordinaire dédiée aux vins du monde, « In vino mundi veritas orbi » ou « du vin du monde naît la vérité universelle »…
Ancien financier en reconversion, Mathieu Wehrung eut l’idée assez insensée il y a deux ans de monter un nouveau concept de cave à vins. C’est chose faite, car depuis cet été, Soif d’ailleurs peut s’enorgueillir d’être sans doute la meilleure cave à vins du monde… à Paris, totalisant 350 références de 37 pays, 250 producteurs et 117 cépages différents. Pas moins d’un an et demi de travail a été nécessaire à cet acharné de la dive bouteille étrangère pour réunir une collection unique en son genre.
« L’idée de créer à Paris une boutique uniquement consacrée au vin étranger me trottait dans la tête depuis assez longtemps. Un déclic est venu lors d’un voyage à Lisbonne. De retour avec une valise remplie de flacons dont la majeure partie avait été détruite lors du transport, je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à tenter. Je pensais et je pense toujours que les vins étrangers sont très mal représentés en France, alors qu’il y a des merveilles un peu partout. La deuxième constatation était qu’il n’y avait pas à ce jour à Paris de véritables lieux de dégustation conçus à cet effet. Les salles de réunion pour les entreprises à Paris est une denrée rare et le marché des événements autour du vin est en pleine ébullition, mais complètement désorganisé d’après moi. D’où l’idée d’une salle de dégustation high-tech qui regroupe plusieurs services, conférences, animations et cours de dégustation entre autres… ».
« Les vins actuels du Nouveau Monde sont en général construits à partir de cépages internationaux, sirah, petit verdot ou cabernet. Les cépages indigènes plus anciens ont, le plus souvent, été introduits par les Jésuites pour faire leur vin de messe ! »
Dans cette caverne d’Ali Baba, les rieslings allemands, les tokays hongrois, sagement alignés derrière leurs petits drapeaux, saluent les syrahs d’Australie et les cabernets d’Afrique du Sud… Et la liste est longue !
« Nous venons de sélectionner la semaine dernière un vin japonais issu d’un cépage local : le muscat bailey A… Rassurez-vous, je ne le connaissais pas encore il y a une semaine !… J’ai une tendresse particulière pour les vins portugais du Douro qui sont des vins d’une très grande diversité. Ce ne sont pas des vins de cépages, mais de parcelles, car chaque parcelle peut donner des vins extrêmement différents. Avec le cépage portugais ramisco, importé au Portugal par Alphonse II au XIIIe siècle, nous avons là le vin le plus occidental d’Europe… Il survit là-bas à l’abri du phylloxera près d’une côte battue par les vents. Nous possédons aussi le vin le plus méridional : une bouteille crétoise de la région de Sitia réalisée à base de liatiko, un cépage unique donnant des vins de « malles de grand-pères « , aux parfums de cuir et de sous-bois très particuliers. L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont également bien représentés. Pour chaque pays viticole, nous essayons d’être représentatifs de l’ensemble du territoire, que ce soit l’Italie, l’Espagne et le Portugal, mis à part les Açores qui ont des raisin interdits à l’exportation et à la vente, un peu comme les fragolino vénitiens… ».
Avec des prix qui commencent à 8 €, un chenin blanc d’Afrique du sud de très jolie facture et un semillon sauvignon de Merray Darling en Australie, ajoutons que Soif d’Ailleurs est aussi une adresse très abordable. La moitié des bouteilles proposées est vendue à moins de 18 €. « Cela était une des priorités dans l’élaboration de la collection. Il s’agit d’abord de faire découvrir ces vins du bout du monde. Un des best-sellers de la maison est le Miollo brut tradition, un pétillant de méthode champenoise brésilien qui réalise un tiers de nos ventes. À 11 € la bouteille, la bouteille est d’un très bon rapport qualité-prix. ». Eh bien, à ce prix-là, nous disons tout simplement «champagne » !
38, rue Pastourelle
75003 Paris
Tél. : (33) 1 40 29 10 82
Ouvert non-stop du lundi au samedi de 11:00 à 21:00, le dimanche de 11:00 à 18:00.