Je foode, tu foodes, il foode, nous foodons à la Gaîtée lyrique

recette_casimir_gloubi-boulga_LCAVPas un gros événement en soi, soit ! Mais, durant cette rencontre à la Gaîtée lyrique pour une soirée consacrée à la « food » et aux tendances du jour organisée par le très actuel magazine de design et de cultures visuelles Étapesil y a des fois où je me dis que certains sont payés pour pas grand chose à sortir des platitudes sur la « food » d’aujourd’hui. 

D’ailleurs, la « food » commence à m’ennuyer, même si le mot m’a amusé au début. Je remarque au passage qu’après 45 ans, les plus vieux parlent de « bouffe », un autre mot, argotique cette fois, pour parler de notre alimentation bien quotidienne… Mais de quoi parle-t-on au juste ? De goût (mauvais ou bon), de restauration, de cuisine, de gastronomie, de chefs, d’alimentation, d’agro-alimentaire, de culture industrielle, de culture nomade qui n’est pas nouvelle (je pense à la fumeuse Street food, c’est le cas de le dire), de banales recettes au rayon surgelé (je ne citerai pas de marques ce soir) ?… Ou de marketing, de packaging, de pubs et d’annonceurs ? Euh… c’était quoi la question ? Comment en est-on arrivé à mélanger autant d’ingrédients en un si petit plat dérisoire. Gloubiboulga, c’est ça ?


Un peu à la manière des actuelles émissions télé sur le sujet, on passe à côté de l’essentiel. Avez-vous remarqué combien les réalisateurs et les producteurs s’intéressaient plus en cuisine à ce qui était brûlé, pourri et raté dans une assiette ou au piano (une vraie culture de la médiocrité, un arte povera de la langue et des papilles) qu’aux trucs et tours de main, aux idées des vrais pros, à leurs motivations aussi (c’est juste que certains chefs ont parfois du mal à s’exprimer, mais après ?, les journalistes sont aussi là pour ça) ? Et quels chefs ? 

Gabriel Gaultier

Car, il faut bien le dire, parler d’assiette, de cuissons, de cultures culinaires, portraiturer un chef pour comprendre sa personnalité est chose bien difficile, voire parfois impossible pour nous, journalistes ou apparentés. Plus qu’en n’importe quelle autre matière peut-être, il faut avoir des références, connaître les produits, s’intéresser aux bêtes (pour les viandards comme moi), aux hommes, à leur histoire, avoir le mot ou l’image juste qui fera comprendre ce que l’on mange et pourquoi on en parle, et pourquoi on aime ça, pas simplement parce que, comble de l’ironie dans un restau, « c’est bon et puis c’est tout ! ». Comme moi, Gabriel Gaultier, publicitaire invité ce soir-là (créateur de l’assez bonne campagne de pub pour les magasins Naturalia), pense que nous n’avons jamais aussi peu cuisiné à la maison et pourtant, paradoxalement, que nous n’en avons jamais autant parlé… La perte du savoir-faire, et du savoir-expliquer, la transmission transgénérationnelle de la cuisine est une réalité, et sans doute le vrai sujet. La « food »relève donc du fantasme collectif d’après moi, sans parler de diététique, encore une autre thématique très juteuse.  

Face à la mondialisation des produits et des habitudes alimentaires, dire que nous vivons une révolution culinaire et surtout alimentaire est vrai, dire aussi que nous n’avons jamais aussi bien mangé (pour les plus riches d’entre nous) est vrai aussi, avec une offre jamais égalée en terme de produits et de qualité, de contrôle aussi, de packaging rigolos et attractifs (dommage pour les vrais écolos), quoi qu’on en dise, mais dire que toute la création contemporaine en la matière est digne d’intérêt est faux. Dire aussi que l’on voit aujourd’hui beaucoup d’autodidactes en cuisine est également faux, si l’on compare notre époque aux années 1980, malgré Master Chef ! Les autodidactes d’aujourd’hui stationnent rarement derrière leurs fourneaux, à quelques exceptions près, mais sont avant tout des gérants et pros de la communication et du marketing. Pas des chefs.  

Ce qui est nouveau n’est pas forcément intéressant, malgré le bourrage de crâne ambiant du côté des agences de communication, de pub et des faux critiques gastronomiques de la blogosphère parisienne essentiellement. La branchitude, le packaging et la déco plus ou moins maîtrisée, comme il y a trente ans dans un restau « grec » ou «tunisien » – voire sans doute beaucoup plus !, ne changeront rien à une cuisine réussie ou non. C’est une affaire de culture personnelle et d’ouverture d’esprit, de curiosité surtout. De bon sens aussi. 

En résumé, non au gloubiboulga !!! 

Vous pouvez revoir en vidéo l’intégralité de la soirée à la Gaîtée lyrique ici. (vous voyez, je ne fais là aucune pub malhonnête). 

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