J’aime bien les échanges entre photographes. Nous avons tellement de choses à nous dire : nous parlons d’images beaucoup, et aussi de nombreuses choses du quotidien… Originaire du Creusot et travaillant aujourd’hui à Dijon, Isabelle Smolinski s’inscrit dans une longue tradition de la photo culinaire. Après des études aux Beaux-Arts de Dijon, elle fréquente l’école des Gobelins pendant deux ans à Paris et s’immerge dans le milieu professionnel de la photographie contemporaine. Très vite, la photographie culinaire, mais aussi la photographie « still life » deviennent ses sujets de prédilection.
Fraîchement sortie des Gobelins en 2005, Isabelle Smolinski débute une carrière dans la presse, Version Femina d’abord, Mon Jardin & ma Maison, Gault & Millau où elle se charge de réaliser des recettes de chef et de les photographier, coiffant une double casquette de photographe et de styliste. « Je n’ai jamais arrêté mon activité artistique parallèlement à mon travail de commande » témoignage Isabelle. Avec une bonne douzaine d’expositions à son actif, elle participe notamment au Festival International de la Photographie Culinaire en 2009. Toujours dans le cadre de ce festival réputé, elle voit son travail exposé à l’hôtel Le Lutécia à Paris en 2013, ses photos étant sélectionnées par Jean-Luc Monterosso, le fondateur de la Maison Européenne de la Photographie. Côté restaurant, elle travaille un temps pour le chef Jérôme Brochot de Montceau-les-Mines, célèbre pour avoir rendu volontairement son étoile au guide Michelin il y a un an pour soutenir les habitants de l’ancien bassin minier… Dans le Marais, elle s’associe à une designer culinaire pour réaliser une performance : elle photographie un grand gâteau kitch le matin du vernissage, fait ses tirages du gâteau qu’elle divise en autant de nombre de participants. Le gâteau est entièrement dévoré le soir même et les 600 participants à la performance repartent chacun avec une photo de la part de gâteau dégustée.« J’ai appelé cette action persistance rétinienne sucrée, une sorte de pirouette faisant appel aux sens de la vue et du goût ». Comme photographe culinaire, elle sort deux livres en 2008 aux éditions Minerva sur l’art du carpaccio, des mousses et des espumas.
Son sens de l’épure, son œil, elle le doit à sa passion pour les arts graphiques asiatiques et japonais, après un stage aux Beaux-Arts de Nagoya au Japon. Elle aime aussi dans le désordre, photographes et peintres à l’avenant : Peter Lippman, Mickael Roulier, Laurent Fau, Jean-Louis Bloch-Lainé, Marie-Pierre Morel, Thomas Dhellemmes et notre amie très chère Isabelle Rozenbaum dont nous avons déjà parlé ici depuis bien longtemps. Plus loin ou plus proches, voici Araki Nobuyoshi, Irving Penn, Pierre & Gilles, Martin Parr, Robert Mapplethorpe, le mouvement Arts & Crafts, William Morris, Mucha, Klimt, Egon schiele, Henri de Toulouse Lautrec… Tout ce que j’aime et que nous aimons… définitivement.