Y’a bon !

 

Séquence légère et nostalgique sans doute. Banania a fêté ses 100 ans d’existence il y a deux ans. À l’heure où l’on célèbre le centenaire de la Grande Guerre, il faudrait rendre justice à la marque au célèbre tirailleur sénégalais, qui a fait place depuis bien longtemps à une imagerie moins coloniale (colonialiste ?) et beaucoup plus consensuelle on dirait… Même si ce produit de l’industrie agro-alimentaire n’a que peu d’intérêt du point de vue gustatif, il a quand même suffisamment marqué les esprits durant le siècle écoulé pour en parler ici.

 

Un certain Pierre-François Lardet, banquier, puis journaliste de son état, se retrouve en reportage en 1909 au Brésil, puis au Nicaragua, alors en pleine guerre civile. La légende veut qu’il se réfugie dans un village indien et qu’il y découvre une boisson particulièrement tonique réalisée avec du cacao, de la farine de banane, du sucre et des céréales. Businessman dans l’âme (l’homme fut banquier ne l’oublions pas !), il revient en France en décidant de commercialiser la chose. Ce sera « BA-NA-NIA », nom de marque soufflé par sa femme Blanche (un nom prédestiné pour une marque à l’image colonialiste ?), une poudre chocolatée et fortifiante créée pour les enfants de la Belle Époque. Rappelons que la banane est encore un grand produit exotique de luxe, fraîchement importée depuis les années 1880… 

 
1912

Une des premières expositions coloniales françaises avait attiré près de 2 millions de visiteurs quelques années auparavant en 1906… En 1912, année de création de la marque, le premier packaging Banania privilégie la femme antillaise, plutôt chabine et de type européen, bien loin des femmes indiennes de la recette d’origine (photo ci-dessus). En 1914, lorsque éclate la Première Guerre mondiale, Lardet en profite de manière magistrale, et très en avance sur son temps, pour promouvoir ce breuvage aux vertus fortifiantes. Ce sera, après les nourrissons, à côté de la piquette des tranchées, la boisson du brave poilu ! 14 wagons chargés à bloc de Banania seront ainsi envoyés sur le front, un bel argument marketing s’il en est ! Mais les tirailleurs sénégalais sont aussi dans les tranchées… Dès 1915 l’image de l’Antillaise disparaît pour faire place au sympathique et très souriant combattant africain. Le slogan « Y’a bon ! » ajoute une note d’authenticité dans le contexte historique de l’époque de l’Empire français. La couleur jaune des bananes en fond, le rouge de la chéchia et le brun du visage du tirailleur font dès lors partie de l’image de marque pendant presque cinquante ans.

1936
1957

L’image du tirailleur est modifiée en 1957 par l’archiviste Hervé Morvan (photo ci-dessus). Puis, contexte de décolonisation oblige, contraint la marque à changer à nouveau son image en 1967 pour ne retenir que la figure stylisée du fidèle combattant de 1914. Entre 1960 et 1970, la concurrence est rude et Suchard, Poulain et Nesquick font leur arrivée, alors que Banania avait jusque là un quasi privilège sur les vente de chocolat en poudre. 

 
1967

Banania, des origines à nos jours

Une exposition du 1er mars 2014 au 31 janvier 2015 proposée par : 

Le musée du chocolat

28, boulevard Bonne-Nouvelle

75010 Paris M° Bonne-Nouvelle / Strasbourg Saint-Denis

Tél. : (33)1 42 29 68 60 Entrée : 9,50 € / enfants 6,50 (gratuit aux moins de 6 ans) Ouvert tous les jours de 10h00 à 18h00. 

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