Guillaume Long, le « petit-suisse » qui monte et qui fait des bulles

 

Couv_Guillaume_LongUne interview exclusive de l’auteur d’ À boire et à manger !

Un beau jour ensoleillé à Aix-en-Provence, il y a de cela quelques semaines, je suis tombé sur ce livre au titre tout simple : À boire et à manger signé Guillaume Long et édité chez Gallimard. Sensibilisé depuis mon plus jeune âge au 9art, j’ai eu instantanément un énorme plaisir à feuilleter ces quelques 144 pages colorées complètement inédites. J’ai dévoré le bouquin d’un seul trait… C’est vivant, bien vu, et tellement proche de ce que nous sommes, « gastronomes en culottes courtes », restés un pied dans l’enfance par la cuisine, les bons petits plats et les restos mémorables, les envies irrépressibles de poissons ou de gaufres ! De retour à Paris, je n’ai pas tardé à prendre mon téléphone et appeler l’odieux personnage (suisse qui plus est, d’où le titre de l’article!) venu des Beaux-Arts de Saint-Étienne pour lui dire tout le bien que j’en pensais… 

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Olivier Brandily : Que devient l’album À boire et à manger ?

Guillaume Long : Pas mal, nous en sommes à la 2e réimpression, avec une première impression tournant autour des 9 000 exemplaires.

 

OB : Comment t’es-tu lancé dans cette aventure ?

GL : C’est un projet de livre que j’ai depuis très longtemps, bien avant la création du blog À boire et à manger en 2009. Je fais de la BD depuis 2003 et un ou deux ans après, j’avais déjà dessiné une recette de couscous sur un bord de table… Au début, j’avais en tête une sorte d’encyclopédie culinaire en BD… C’est vrai qu’avec les différents tomes en préparation d’À boire et à manger, on va déjà arriver à près de 600 pages ! Comme je n’étais pas connu, je ne voyais pas trop comment financer ce projet. C’est grâce à Martin Vidberg du Monde que j’ai réussi à me lancer. J’ai dessiné une planche et ils m’ont engagé (au Monde). C’est venu d’un petit mensonge : ils m’ont demandé si j’avais lu Le gourmet solitaire de Jirô Taniguchi (BD parue aux éditions Casterman en 2005) et si j’avais le même profil. J’ai répondu « oui » et ils m’ont pris… Il n’y a qu’une vingtaine de blogs invités sur la plate-forme du Monde en fait, dont, de mémoire, 3 blogs gastronomiques.

OB : Tu n’as pas d’accent suisse c’est normal ?

GL : Je suis né à Genève de parents méridionaux, mais je me soigne… Cela finit par faire un accent « plat » on dirait !

OB : Ton livre est très personnel, pourrait-on dire autobiographique ?

GL : Il ne faudrait pas croire tout ce que je dessine dans mon blog, c’est largement romancé… Mais c’est vrai qu’en voyage, j’accepte de dormir dans un mauvais lit, mais que je digère assez mal le fait de me faire avoir dans un resto de passage. La bouffe, c’est important pour moi. Je ne suis pas le seul à dessiner ma vie sur un blog, mais je pense que par le biais de la cuisine, la narration prend un sens un peu moins sordide par rapport à de nombreux autres blogs dessinés où l’on voit des mecs enfiler leurs chaussettes le matin et se coucher désespérés le soir…

OB : Comment es-tu tombé dans la BD ?

GL : Je suis rentré dans ce monde totalement par hasard en commençant par mon premier livre Comme un poisson dans l’huile en 2002. Aujourd’hui, je totalise, entre mes albums « jeunesse » et « vieillesse » (rires) une douzaine de titres. Je travaille aussi beaucoup pour l’illustration jeunesse et pour d’autres magazines dont des canards économiques.

OB : Quelles sont tes principales influences bédéistiques ?

GL : J’adore Quino. Je trouve que mon dessin s’inspire pas mal de lui, en tout modestie bien sûr ! Ce sont en fait les illustrateurs de mon enfance qui m’ont énormément appris et m’ont donné le goût du dessin : Puig Rosado, Mordillo, Delessert, Quentin Blake… Pour le tempo et la narration, je dois beaucoup à Binet et à ses Bidochons, mais c’est assez subtil et je pense que seul moi peut y voir des similitudes !

 

OB : Christophe Blain a fait très fort avec son livre sur Alain Passard paru comme toi chez Gallimard… La BD gastronomique est-t-elle un phénomène de mode ?

Le bouquin de Blain je l’ai beaucoup aimé, bien que je le trouve très éloigné de ce que j’ai fait : il a réalisé un reportage sur de la cuisine de haute gastronomie, j’ai fait un livre sur la gastronomie en général, donc bon !… Je ne sais pas si la BD est un moyen de communication pour les chefs (il y a beaucoup de n’importe quoi qui se fait aussi, hein !), mais en tout cas je dois reconnaître que la bouffe est assez sexy quand on la dessine. Oui, et c’est un peu moins inhibant que les photos même magnifiques de plats qu’on est censé reproduire, dans les livres de recettes.

OB : D’où te viennent tes idées de gags ?

GL : Je m’inspire souvent de ma propre vie ou de celles de copains et copines. Les bases des histoires sont généralement authentiques, même si j’ai parfois tendance à exagérer le propos…

OB : Et tes recettes ?

GL : Ce sont les miennes et j’y tiens ! Je n’invente pas de recettes et je pars du principe que si j’y arrive, les autres peuvent y arriver aussi.

OB : A quand le prochain tome ?

GL : Il devrait normalement sortir pour Noël… D’ailleurs je vais raccrocher car j’ai du boulot ! Ciao !


À boire et à manger par Guillaume Long, Éditions Gallimard, 144 pages.

Prix : 20 € (actuellement dans toutes les bonnes librairies)

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